«Le virtuel est en pointe dans une campagne electorale marquee avec des audiences morcelees et des electeurs deboussoles»
A ne plus savoir ou donner d’la tete. Pratiquement tous les acteurs d’une presidentielle paraissent en campagne ou pres de l’etre : candidats, medias et editeurs de services. Chacun tiendra son role dans la dramaturgie electorale pour capter nos audiences et/ou nos votes. Notre persistance de la pi?te sanitaire laisse augurer d’une joute, comme bon nombre d’actes de la vie economique et sociale, qui doit se jouer aussi au milieu des outils du virtuel, de site web en applications, de reseaux sociaux en chaines videos, navigant entre empirisme et maitrise des technologies et des donnees permettant de mieux cibler les soutiens et les electeurs, voire d’anticiper ou de predire leurs intentions.
Spectacle permanent.
Matinales radios des potron-minet, zapping des emissions tele speciales en fi?te, chaines d’infos en continu, rubriques et observations dans la presse, sites Web dedies, sondages permanents, le barnum mediatique se met en place pour offrir un continuum aux candidats en quete de lumiere et soucieux d’agreger des audiences disseminees. Mener campagne s’apparente De surcroit qui plus est a un emploi de planning strategique de belles societes au service d’une marque Afin de en elaborer les orientations et l’execution. Les budgets en moins : 16,8 millions d’euros, c’est la barre de ce budget global a ne pas depasser concernant un candidat au premier tour de l’election presidentielle. Une paille, compare aux seuls budgets de communication d’entreprises qui, il convient beaucoup le reconnaitre, ne disposent nullement des memes expositions gratuites a longueur de journaux et d’emissions qui servent les candidats dans un plateau. Au risque de renforcer un effet de tam-tam permanent et assourdissant.
On le voit au quotidien, la grande causerie a ciel ouvert des reseaux sociaux et la multitude des sources, dont on a longtemps cru et espere qu’elles participent du pluralisme et qu’elles degagent des consensus, creent une confusion ambiante. Le manque de reperes est a la hauteur une somme des connaissances et des savoirs disponibles. Exercer le esprit critique et forger son opinion relevent d’une gageure. Operer un eventail eclaire s’annonce fastidieux.
Travail pre-«matche».
Periode d’inventivite fertile et de coups de projecteurs indispensables, nos campagnes voient traditionnellement apparaitre de nouveaux services. Les plus anciens se souviendront avec nostalgie de presidentielles.net, site lance des 2002 par le producteur Alexandre Brachet, proposant deja 1 eloquent Presibourse et de decouvrir aussi des candidats ne beneficiant aucune la force d’attraction et de traction des medias traditionnels.
Les plus jeunes se sont deja tournes par l’application Elyze. Fonctionnant comme le service de rencontres amoureuses Tinder (aussi si cela ressemble plus a un quiz de magazine d’ete), le service s’fait extri?mement de vous eclairer dans toutes vos proximites partisanes a la facon dont vous compte mobifriends balayez – le fameux «swipe» – une cinquantaine de propositions :
- « ne point participer aux Jeux olympiques 2024 »,
- « creer votre Ticket Paysan »,
- «instaurer un enseignement specifique de morale a l’ecole»,
- etc…
Ce faisant, vous pourrez vous retrouver avec Emmanuel Macron sur la marche la plus haute du podium, encadre d’Anne Hidalgo ainsi que Jean Lassalle. Vous etes bien avance. Petit indice, les propositions ont votre fond de couleur differend suivant le camp dont elles emanent. Jean-Luc Melenchon, fidele a son habitude, n’y est nullement alle de main morte, pointant sur Twitter « un coup tordu » et s’indignant qu’une reponse positive a toutes les questions amenait a designer le president de la Republique. Il faut dire que les jeunes restent pour le candidat d’la France Insoumise une cible prioritaire. Cela n’en est jamais moins que la methodologie est en mesure de laisser a desirer. Par nature les propositions electorales n’ont pas le meme poids et Notre aussi portee.
Vote. Inconnue ils font trois semaines, creee via des etudiants Afin de inciter des plus jeunes a voter, Elyze peut se targuer encore d’un million de telechargements. Au point d’etre parmi les applications les plus populaires en France ; au point d’interesser la CNIL plus vite qu’a son tour. Ce faisant, les concepteurs ont promis de mettre leur code informatique en open source et d’effacer chacune des donnees emmagasinees. Du coup, ils renoncent a toute option de monetisation (si tant est que i§a avait ete dans leurs plans).
Entre indication et incitation, la frontiere s’avere tenue. Et c’est d’autant plus sensible et des plus jeunes qui vont voter pour la premiere fois. Cela reste logique et souhaitable que des medias comme les associations concourent a l’expression democratique. Ils doivent cependant veiller a ne pas i?tre le juge de l’election. Ce role reste devolu a chacun des citoyens.
Pourtant, toute initiative favorisant le vote doit etre encouragee. Ainsi l’association A vote, qui apparai®t tel une ONG, avec le soutien de Ouest-France, 20 minutes et le groupe Meta, propose-t-elle un robot conversationnel via la messagerie privee de ce dernier, WhatsApp, visant a favoriser la participation electorale. Tutoiement de rigueur et questions binaires au long cours risquent neanmoins de decourager nos plus motives. Cependant, plus nos initiatives se multiplient, plus la democratie vit. Il y a suffisamment de raisons chez de nombreuses des concitoyens de ne pas s’interesser a la campagne electorale et de ne pas prendre part au vote pour tacher de reperer celle qui pourrait neanmoins des faire remplacer d’avis.
David Lacombled reste president en Villa numeris.